Le bien être s’appuie essentiellement sur le plaisir d’être qui je suis, là au présent. Ce bien être est agrandi par le plaisir de pouvoir le partager avec un proche qui saura le recevoir et surtout l’agrandir.
Jacques Salomé
Compte rendu de mon atelier Chant Choral Russe à l’Espace Jardiner ses Possibles au camping Entre Mer et Foret, à Meschers-sur-Gironde (17). Il a eu lieu du 13 au 20 aout 2022.
Mon Stage de Chant Choral Russe a débuté il y a 11 ans à la Rosière (en Savoie) dans le cadre du festival Vent d’Est. Mon ami et collaborateur Alain Grangeon l’avait baptisé le Chœur des Cimes.
Cette année, vu la situation compliquée à l’Est, je n’ai pas voulu me lancer dans une promotion habituelle de cette activité. Avec un groupe plus restreint, je suis parti à l’aventure dans un nouveau lieu, à l’ouest de la France : l’Espace des possibles . Né en janvier 1977 selon l’esprit libertaire de 1968, il a toujours gardé l’empreinte de cette époque. Attirée par l’océan, et l’ambiance soixante-huitarde décontractée (que m’avait vantée mon ami David Andre Hesme) j’ai décidé d’offrir mes compétences musicales dans ce lieu. D’y faire vivre l’âme slave en chansons.
En signe de réunification des peuples et pour la paix, j’avais mis en avant la chanson « Perevedi mania tcherez maïdan » (Aide moi traverser le maïdan*). C’est à l’origine un poème ukrainien, traduit par une poétesse russe (juive) et mis en musique par un compositeur-interprète russe.
Je vous laisse écouter la représentation finale lors du concert synergie où une vingtaine d’autres ateliers montraient aussi leur travail :
* place du village en ukrainien
Traduction
« Aide-moi à traverser le maidan » Un troubadour aveugle ne sait que chanter. Il veut traverser le maïdan (la place du village) où le hasard peut lui faire rencontrer son ancien amour, la mère de son fils, qu'il a quittée lorsqu'il est devenu aveugle. Il l'a quittée à cause de sa propre misère, mais continue de l'aimer. Il risque aussi de rencontrer son fils, maintenant devenu lui aussi un chanteur errant. Maidan est une place de village, dont un des côtés est bordé non pas par des maisons, mais par un espace naturel de champs. Le troubadour veut mourir en silence, dans le champs où les abeilles "gémissent dans le sarrasin". Mais il est aveugle et ne sait pas que, pendant qu'il était aveugle, le village est devenu une ville et le champ a été construit. Il n’a plus nulle part où aller. Il demande de l’aider, mais personne ne le remarque. Il marche seul et meurt sur la place. Mythologie : 1) Un homme meurt. La vie turbulente vécue passe sous ses yeux dans son esprit (maïdan). Il supplie d’accélérer la transition vers l’au-delà (champ), où il s’attend à trouver le calme, mais l’au-delà n’existe pas. 2) Maïdan est une allégorie du passé, les souvenirs du passé, où la femme et le fils bien-aimés restent pour toujours. Le champ derrière le Maïdan est une continuation de la vie. Mais le héros meurt et reste aussi dans le passé.
MON PERIPLE
Ouverte aux rencontres je me suis plongée le 13 aout pour une semaine dans l’ambiance de l’Espace jardiner ses possibles. Contrairement à l’idée que je me suis faite : nourrie et logée en échange de mes compétences, je me suis retrouvée dans une tente sur un matelas gonflable avec des repas à 11€ à la cantine sauf les petits déjeuners qui étaient offerts. La dernière fois que j’ai vécu une telle absence d’accueil et un confort aussi spartiate, c’etait à l’Union soviétique !
Fatiguée après des heures de conduite dans une chaleur accablante (sans air conditionné), je me retrouve à chercher ma tente n°20 au milieu de 5 Ga de foret dont personne ne sait m’indiquer l’emplacement. Désespérée, je finis pas rejoindre la réunion des intervenants, dits ‘proposants’. Malgré mon état visiblement épuisé et mes demandes de nourritures, je me farcis 2h de discours dont je n’ai retenu qu’une seule chose : on est dans un espace libre mais, on a pas le droit de faire la ‘romance’ entre les proposants ni avec les ‘espaciens’ ! J’ai encore le souvenir de l’URSS où le sexe n’existait pas ; mais entendre pareilles choses en France où le sexe est perçu comme le souffle meme de la vie, cela m’a vraiment semblé un comble. En fait, je suis arrivée dans un lieu où chacun doit tout faire tout seul : trouver le lieu désigné pour son atelier, transporter tout les jour son piano aller/retour d’une salle à l’autre, se trouver des ami(e)s pour vous aider etc… Et tant pis si je n’ai pas d’argent pour me nourrir.
Oui, je suis responsable de mes choix. Du fait que la qualité de mon travail de l’atelier doit être à la hauteur de mes attentes ; je n’ai pas renoncé à l’engagement.
Comme récompense après mes déceptions, pour cette session du stage, j’ai une trentaine d’inscrits à l’atelier, un groupe d’enthousiastes en plein forme et déterminés à chanter, malgré leur ignorance de la langue russe et zéro notion en chant. Tous les apres midi ils ont fait résonner la très belle salle d’un son puissant, allant de basse au soprano.
Pour survivre à la pluie et aux conditions rudimentaires du camping je me suis organisée une escapade à l’extérieur, en quête d’un lit plus propice au repos.
Une chance inouïe m’est offerte : deux de mes stagiaires de l’année précédente ont une maison de vacance à 5km du camping. Elles avaient voulu participer à mon atelier, mais les prix extravagants les ont dissuadées. Grace à notre rencontre fortuite, nous restions en contact dès le début du stage. Avec une joie tonitruante j’ai squatté une chambre de leur maison, à l’étage, avec une fenêtre donnant sur un beau figuier. Enfin nourrie et logée correctement.
POSTE SEMAINE DE STAGE
La dernière nuit, apres le concert, je suis restée dormir dans la tente pour récupérer mon cheque de caution le matin… Cette nuit m’aura été fatale.. Le lendemain j’ai développé une crève d’anthologie : +39 de fièvre, la gorge encombrée, le rhume, la toux, la fatigue. Vous allez dire que c’est là une maladie à la mode (!) Mais je n’en crois rien.
Puis retour à Paris en urgence : notre chat est tombé par la fenêtre du 3e etage. Hospitalisé, il est sous l’oxygène pour la modique somme de 984€. En tant que bénéficiaire du RSA, j’obtiens quand meme une remise de 350€.
L’ESPOIR
Malgré toutes les difficultés liés à l’organisation j’ai pris un grand plaisir de mener cet atelier. A la fin de la semaine j’ai reçu des retours sincères et des marques de reconnaissance que je garderai dans mon coeur pendant de longues mois… Jusqu’au prochain stage, l’été prochain, je ne sais pas encore où !
Vive la liberté et le bien être qui nous mènent vers de nouvelles rencontres et des collaborations fructueuses !